Une histoire soufie

Apparitions, créatures fantastiques, voyance, astrologie, divination, chamanisme, ...
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Oghan
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#1

20 mai 2017, 18:24

Un inconnu a écrit :La population d’un village vivait en paix. Chacun était aimable et prévenant envers tous les habitants, qu’ils soient parents, amis, voisins ou rien de tout cela. Le fakir était respecté de tous, ses avis écoutés. Une nuit un ange lui apparut, disant : "Fakir, au petit matin l’eau de tous les puits sera empoisonnée, et tous ceux qui en boiront deviendront fous. Lève-toi et va constituer des réserves d’eau avant qu’il ne soit trop tard !". Le fakir se leva précipitamment et courut remplir ses jarres.

Le matin arriva. Les habitants du village sortirent vaquer à leurs occupations, et lorsque le fakir sortit à son tour il fut effaré de les voir devenus tous complètement fous ! Les jours passant, le fakir remarqua que ses concitoyens le regardaient avec un air toujours plus méfiant et cherchaient manifestement à éviter sa présence. Puis un jour l’un d’eux le prit à partie : "Fakir, nous avons remarqué ces derniers jours que ton comportement était devenu bien étrange ! Tu dis des choses incompréhensibles, tu fais peur à tout le monde, bref nous pensons que tu es devenu fou et nous allons malheureusement devoir t’enfermer !". A ces mots, le fakir courut boire de l’eau du puits.
La signification de cette histoire est que la normalité est définie par le comportement du plus grand nombre, et que par conséquent la démence, la bizarrerie et la marginalité sont toujours représentées minoritairement. Évidence ? Pas si sûr, car les choses deviennent plus troublantes lorsqu’on constate que le comportement de la majorité ne fait jamais l’objet d’une étude, mais que seuls les comportements déviants sont soumis à examen. Le psychiatre du village en question, si toutefois il existe, aurait cherché à établir le diagnostic des troubles mentaux du fakir avant qu’il ne se décide à boire l’eau du puits ; jamais il ne se serait penché sur le cas des autres habitants, et ceci pour une raison simple : il est aussi fou qu'eux, donc se croit normal et autorisé à décider de ce qui relève ou non de la folie.

Le mot « normal », lorsqu’il est utilisé pour caractériser une façon d’agir et de se comporter, n'a pas de signification précise. Il n’existe pas de normalité absolue qui pourrait servir d’étalon et permettre ainsi de juger si tel ou tel comportement respecte ses critères. De ce fait, il n’existe aucun moyen de savoir si l’humanité, prise dans son ensemble, est folle ou si elle ne l’est pas, malgré la manière très peu saine dont elle se comporte dans de nombreux domaines.

L'impossibilité d'établir ce qu'est la normalité n'est-elle pas extensible au concept de réalité ? Comment décidons-nous de ce qui est réel sinon par le fait que la quasi totalité de nos semblables possède les mêmes sens que les nôtres, ce dont nous déduisons que ce qu'ils perçoivent du monde correspond exactement à ce que nous en percevons nous-même ? De là à qualifier d'imposteurs et de charlatans tous ceux qui disposent de facultés peu communes, dites extrasensorielles, il n'y a qu'un pas, et nombre d'entre nous le franchit. Là encore, la normalité en matière de perception, ce que nous associons au réel, est tout simplement définie par le plus grand nombre, hors de tout critère objectif.

La question est donc de savoir si on doit tenir ce que nos sens nous transmettent comme la seule et unique réalité - ou plutôt comme la vraie réalité - au prétexte que c'est ce que la majorité d'entre nous percevons.

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