Sale journée !

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Oghan
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#1

14 juil. 2017, 15:34

En ce jour de fête nationale ayons une pensée pour les grandes démocraties avec lesquelles nous partageons l'amour des défilés militaires, à savoir la Russie, la Chine et la Corée du Nord.

Ce qu'on célèbre en réalité le 14 juillet n'est pas la prise de la Bastille mais la Fête de la Fédération, qui a eu lieu le 14 juillet 1790 pour commémorer le premier anniversaire de ladite prise. Ce n'est qu'en 1880 qu'un certain Benjamin Raspail, député, propose une loi faisant du 14 juillet la date annuelle de commémoration de la Fête de la Fédération, bien moins sanglante que la prise de la Bastille, et plus symbolique. Les anglophones nomment cependant "Bastille day" la fête nationale française, ce qui montre que la méprise est universelle.

La différence entre le défilé militaire actuel et la Fête de la Fédération est importante. Ce jour-là, plus de cent mille personnes se réunirent avec enthousiasme sur le Champ de Mars pour participer à la cérémonie que La Fayette avait organisée sur le thème de la "Fête de la réconciliation et de l'unité". Voici le serment qu'il prononça :
La Fayette a écrit :Nous jurons de rester à jamais fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi, et de protéger conformément aux lois la sûreté des personnes et des propriétés, la circulation des grains et des subsistances dans l'intérieur du royaume, la prescription des contributions publiques sous quelque forme qu'elle existe, et de demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité.
Le député de la noblesse Charles-Élie de Ferrières décrivit l'atmosphère qui régnait en ce lieu :
Ferrières a écrit :C’était un spectacle digne de l’observation philosophique que cette foule d’hommes venus des parties les plus opposées de la France, entraînés par l’impulsion du caractère national, bannissant tout souvenir du passé, toute idée du présent, toute crainte de l’avenir, se livrant à une délicieuse insouciance.
La question qui se pose est de savoir comment un défilé militaire, duquel le peuple ordinaire est par définition absent, pourrait restituer l'enthousiasme qui régnait en ce jour, cette joie intense de se retrouver tous ensemble, courtisanes, ouvriers, moines, soldats, bourgeois, nobles et princes, tous unis dans un même prodigieux élan de fraternité.

De nos jours, le peuple se retrouve le 14 juillet sous la garde des policiers et des caméras, confiné derrière des barrières, soumis à des contrôles, assujetti aux règles que l'autorité a fixées pour lui, sans jamais être invité à manifester la joie que ce jour est censé lui inspirer. On lui offre le spectacle de la force militaire, celle justement qu'il a combattue en ce fameux 14 juillet 1789. Cette fête nationale est une abomination, seuls les puissants y participent et y trouvent leur compte. Alors à l'avenir, offrons aux Champs-Élysées non plus le triste spectacle qu'on y rejoue inlassablement mais celui d'une réconciliation nationale, une gigantesque fête du peuple accompagnée de danses, de chants, de rencontres et d'embrassades. Ainsi, notre fête nationale retrouvera son sens premier.

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