L'intelligence artificielle
Publié : 13 juin 2017, 17:06
On peut situer l'origine du concept d'intelligence artificielle dans un article qu'Alan Turing a publié en 1950 et intitulé "Computing machinery and intelligence". Il y propose ce qu'on nomme aujourd'hui le test de Turing, fondé sur la capacité d'imiter la conversation humaine, et dans lequel un humain converse en aveugle avec un ordinateur et un autre humain au moyen de messages textuels : si l'humain est incapable de savoir avec qui il parle, alors le logiciel exécuté par l'ordinateur est déclaré avoir passé le test. D'après Turing, l'ordinateur en question peut dès lors être qualifié de "conscient". Il pose en outre, au cours d'une conférence diffusée par la BBC en 1951, la question de savoir si les calculateurs numériques sont capables de penser. C'est le commencement de la recherche visant à développer des "machines pensantes".
D'après le dictionnaire, intelligence artificielle signifie "ensemble des théories et des techniques visant à réaliser des machines pouvant simuler les fonctions cognitives de l’être humain". Le mot le plus important dans cette définition est selon moi "simuler". Contrairement à l'idée très répandue selon laquelle il est tout à fait envisageable de créer des machines pensantes, à quoi s'ajoute le fait que les progrès de la technologie sont réputés permettre année après année de se rapprocher de cet objectif, je pense pour ma part que c'est une vue de l'esprit, et que le vocable "intelligence artificielle" devrait être remplacé par celui d' "intelligence simulée". Nos soit-disant machines intelligentes sont incapables de reproduire de leur propre chef le comportement humain, elles ne peuvent que le simuler (je dirais même le singer). Si le vocable "machine intelligente" est porteur en termes de marketing, il est cependant trompeur, et nombre de consommateurs émerveillés se font en réalité rouler dans la farine. Un ordinateur est capable d'une seule chose : exécuter un programme informatique. Si on l'en prive il devient aussi inerte et inutile qu'un caillou, et cesse de donner le moindre signe d'intelligence. L'intelligence prétendue d'un ordinateur est donc produite par des algorithmes, rien de plus. Le programmeur va par exemple faire en sorte que lorsqu'on demandera à la machine si elle est stupide, elle s'empressera de répondre non sur un ton offusqué, tout comme n'importe quel humain le ferait. C'est ce qu'on appelle simuler l'intelligence : on observe la manière dont agit et réagit un humain, et on programme la machine pour qu'elle fasse de même. Derrière l'intelligence artificielle il y a de brillants programmeurs qui mettent en œuvre de puissants algorithmes. L'intelligence prétendue de la machine est en réalité une simulation de la leur ; s'ils ont omis un aspect particulier du comportement humain dans une situation donnée, la machine l'omettra également et réagira d'une manière inattendue, si toutefois elle réagit. La complexité des algorithmes en question réside donc dans le fait qu'ils doivent prendre en compte toutes les réponses et comportements possibles dans cette situation, et plus leur éventail sera large plus la machine s'approchera de l'objectif qui est de donner l'impression qu'elle pense et agit par elle-même.
A la source de cette fiction se trouve la confusion que l'immense majorité des gens font entre intelligence et faculté de penser. A l'instar de Descartes, on croit généralement qu'être est synonyme de penser, mais c'est l'inverse qui est vrai : il aurait dû écrire "je suis donc je pense" plutôt que "je pense donc je suis". On peut effectivement mettre en correspondance le mécanisme des pensées et le fonctionnement d'un programme informatique, et d'ailleurs les réseaux neuronaux artificiels sont très utilisés dans le domaine des statistiques et des méthodes d'apprentissage, qui se substituent à des algorithmes impossibles à réaliser. D'où l'idée qui semble s'imposer que les machines sont capables de penser à la manière des humains. Il n'y a cependant rien de plus faux. Ce qui manque et manquera toujours aux machines est la conscience, qui est le fait de savoir qu'on existe - ce qu'une machine ne sait pas -, et c'est uniquement en reproduisant l'erreur de Descartes qu'on parvient à la conclusion que pensée est synonyme de conscience (le "je suis"). En réalité, la conscience préexiste à la pensée, car un être privé de conscience pour une raison quelconque ne peut pas "observer" son activité mentale, ce qui signifie qu'il ne peut pas en être conscient, et que par conséquent cette activité a lieu "à vide". Avec un peu d'entraînement on peut même momentanément stopper sa pensée ; il est évident que ce n'est pas la pensée elle-même qui prend la décision de s'arrêter, mais que celle-ci lui est imposée par la conscience. De la même manière, c'est la conscience qui nous permet d'orienter nos pensées dans une direction particulière, ce qu'on nomme réfléchir, afin de résoudre un problème. Une machine ne peut pas reproduire la réflexion, elle ne peut donc résoudre aucun problème inconnu d'elle. Ceux qu'elle résout le sont à partir des algorithmes qu'elle a en mémoire et en respectant un processus imposé et déterministe. Elle ne peut choisir de s'orienter dans une autre direction que si le cas a été prévu par le programmeur, et ceci parce qu'étant privée de conscience elle ne dispose d'aucune volonté propre.
Le jour où les personnes impliquées dans la recherche sur l'intelligence artificielle feront la différence entre pensée et conscience, elles réaliseront qu'il est impossible de rendre une machine intelligente. De ce fait, la prise de pouvoir par les machines, augurée par quelques esprits inquiets (dont Bill Gates), n'est qu'une chimère. A moins bien sûr qu'elles ne soient programmées dans ce sens par un disciple du docteur Mabuse...
D'après le dictionnaire, intelligence artificielle signifie "ensemble des théories et des techniques visant à réaliser des machines pouvant simuler les fonctions cognitives de l’être humain". Le mot le plus important dans cette définition est selon moi "simuler". Contrairement à l'idée très répandue selon laquelle il est tout à fait envisageable de créer des machines pensantes, à quoi s'ajoute le fait que les progrès de la technologie sont réputés permettre année après année de se rapprocher de cet objectif, je pense pour ma part que c'est une vue de l'esprit, et que le vocable "intelligence artificielle" devrait être remplacé par celui d' "intelligence simulée". Nos soit-disant machines intelligentes sont incapables de reproduire de leur propre chef le comportement humain, elles ne peuvent que le simuler (je dirais même le singer). Si le vocable "machine intelligente" est porteur en termes de marketing, il est cependant trompeur, et nombre de consommateurs émerveillés se font en réalité rouler dans la farine. Un ordinateur est capable d'une seule chose : exécuter un programme informatique. Si on l'en prive il devient aussi inerte et inutile qu'un caillou, et cesse de donner le moindre signe d'intelligence. L'intelligence prétendue d'un ordinateur est donc produite par des algorithmes, rien de plus. Le programmeur va par exemple faire en sorte que lorsqu'on demandera à la machine si elle est stupide, elle s'empressera de répondre non sur un ton offusqué, tout comme n'importe quel humain le ferait. C'est ce qu'on appelle simuler l'intelligence : on observe la manière dont agit et réagit un humain, et on programme la machine pour qu'elle fasse de même. Derrière l'intelligence artificielle il y a de brillants programmeurs qui mettent en œuvre de puissants algorithmes. L'intelligence prétendue de la machine est en réalité une simulation de la leur ; s'ils ont omis un aspect particulier du comportement humain dans une situation donnée, la machine l'omettra également et réagira d'une manière inattendue, si toutefois elle réagit. La complexité des algorithmes en question réside donc dans le fait qu'ils doivent prendre en compte toutes les réponses et comportements possibles dans cette situation, et plus leur éventail sera large plus la machine s'approchera de l'objectif qui est de donner l'impression qu'elle pense et agit par elle-même.
A la source de cette fiction se trouve la confusion que l'immense majorité des gens font entre intelligence et faculté de penser. A l'instar de Descartes, on croit généralement qu'être est synonyme de penser, mais c'est l'inverse qui est vrai : il aurait dû écrire "je suis donc je pense" plutôt que "je pense donc je suis". On peut effectivement mettre en correspondance le mécanisme des pensées et le fonctionnement d'un programme informatique, et d'ailleurs les réseaux neuronaux artificiels sont très utilisés dans le domaine des statistiques et des méthodes d'apprentissage, qui se substituent à des algorithmes impossibles à réaliser. D'où l'idée qui semble s'imposer que les machines sont capables de penser à la manière des humains. Il n'y a cependant rien de plus faux. Ce qui manque et manquera toujours aux machines est la conscience, qui est le fait de savoir qu'on existe - ce qu'une machine ne sait pas -, et c'est uniquement en reproduisant l'erreur de Descartes qu'on parvient à la conclusion que pensée est synonyme de conscience (le "je suis"). En réalité, la conscience préexiste à la pensée, car un être privé de conscience pour une raison quelconque ne peut pas "observer" son activité mentale, ce qui signifie qu'il ne peut pas en être conscient, et que par conséquent cette activité a lieu "à vide". Avec un peu d'entraînement on peut même momentanément stopper sa pensée ; il est évident que ce n'est pas la pensée elle-même qui prend la décision de s'arrêter, mais que celle-ci lui est imposée par la conscience. De la même manière, c'est la conscience qui nous permet d'orienter nos pensées dans une direction particulière, ce qu'on nomme réfléchir, afin de résoudre un problème. Une machine ne peut pas reproduire la réflexion, elle ne peut donc résoudre aucun problème inconnu d'elle. Ceux qu'elle résout le sont à partir des algorithmes qu'elle a en mémoire et en respectant un processus imposé et déterministe. Elle ne peut choisir de s'orienter dans une autre direction que si le cas a été prévu par le programmeur, et ceci parce qu'étant privée de conscience elle ne dispose d'aucune volonté propre.
Le jour où les personnes impliquées dans la recherche sur l'intelligence artificielle feront la différence entre pensée et conscience, elles réaliseront qu'il est impossible de rendre une machine intelligente. De ce fait, la prise de pouvoir par les machines, augurée par quelques esprits inquiets (dont Bill Gates), n'est qu'une chimère. A moins bien sûr qu'elles ne soient programmées dans ce sens par un disciple du docteur Mabuse...